lundi 24 septembre 2012

La tortue magique

Dans le livre des mutations (Yi jing ou Yi king) il est fait mention d’une tortue magique dans le texte du premier trait mutant de l’hexagramme 27 (Yi nourrir).

Líng guī 靈龜 


Ling qui est aussi le Rei de Reiki (japonais) signifie la magie du chamane ou la capacité de faire tomber la pluie à travers les chants et la danse. Ce caractère est unique dans le texte du Yi jing car on ne l’y trouve qu’une seule et unique fois.

L’hexagramme 27 (H27) traite de la façon de se nourrir. Il s’agit aussi bien de nourrir des aspirations que d’administrer la nourriture du corps et de l’esprit.

Si Ling est le Rei de Reiki, cela veut dire qu’il s’agit de force spirituelle, de pouvoir magique ou de don.

Dans le texte du Yi jing (H27 premier trait mutant) la tortue magique est vue comme un pouvoir personnel que chacun peut développer ou simplement reconnaitre. La tortue magique peut vivre d’air et si chacun possède une tortue magique, il suffit d’aller la chercher en soi.

La mutation de H27 au premier trait nous envoie vers H23 qui signifie aussi la capacité de se priver. H23 fait partie des hexagrammes souverains en tant que déclin du Yang vers le Yin. Il se situe sous le nombril si on le visualise dans la rotation de l’orbite microcosmique, soit à l’avant du second chakra. Son nom peut être traduit par élaguer ou priver, mais il a aussi la signification d’éclatement par son image de compression de la terre yang (Gen la montagne) sur la terre yin (Kun le réceptif). En pratique de Qi gong il s’agit simplement d’inspirer en rentrant le ventre et d’expirer en le gonflant comme un ballon. Quand on associe les trigrammes de la terre de Gen et de kun, il en résulte la force (Wang Qi) ou la puissance de la bombe prête à éclater.

La tortue magique prend ici le sens de la capacité de l’esprit à guider le souffle, ou plutôt la capacité d’aspirer les souffles subtils présents dans l’air de façon métaphysique. Le terme tortue magique est utilisé en MTC pour définir un traitement particulier qui met en jeu les méridiens curieux, mais là il s’agit d’une faculté propre à chacun qui permet de se nourrir d’énergie (Qi) par la pensée.

L’inédie du Bigu taoïste devrait avoir un rapport avec la tortue magique. La capacité de se priver de nourriture physique pourrait aussi amener à celle de se priver de respirer. Lorsque nous pratiquons le zen en tant que posture immobile, nous cherchons à stopper tout mouvement, jusqu’au battement de cœur, pour obtenir la paix profonde.

La tortue magique apparaît ici aussi comme une étape vers la sagesse, qui consiste à évoluer vers une nouvelle façon de se nourrir en choisissant de diminuer la nourriture physique pour la remplacer par l’énergie vitale. En diminuant la viande, puis les céréales, les fruits, l’eau et finalement l’air, on accède à la vacuité qui consiste à vivre en dehors de la conception espace-temps. On peut en venir à pratiquer le jeûne ou l’inédie pour faire des expériences spirituelles qui révèlent ce genre de phénomène, mais ce qui compte avant tout c’est de reconnaître cette tortue magique en tant qu’entité ou esprit vivant dans le monde invisible.

La tortue est le symbole de la divination et de l’écriture chinoise dans son origine profonde. On associe la tortue à la montagne protectrice d’un lieu en tant que gardien élémentaire.

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